QUI A TUÉ
LA DAME DE COEUR ?
Philippe Charlier, Médecin légiste
Figure de proue du début de la Renaissance française, Agnès Sorel (1422-1450) fut la maîtresse officielle du roi de France Charles VII. Merveilleusement belle, mais aussi pétillante d’esprit et fine conseillère, elle transforma radicalement le règne de son amant en le poussant à lutter contre l’envahisseur anglais et inculqua un véritable renouveau artistique à la Cour et dans son entourage propre. De nombreux artistes nous ont laissé la preuve de son redoutable charme, notamment Jean Fouquet qui l’a dépeinte sous les traits de la « Vierge de Melun », actuellement au musée d’Anvers.
Venue avertir le roi d’un complot le visant, elle mourut brutalement et prématurément en 1450. Le décès était trop brutal (un « flux de ventre » nous rapporte l’historien Jean Chartier, témoin des évènements) et le personnage trop romanesque (et les esprits trop passionnés ?) pour que l’on n’évoque pas l’idée d’un empoisonnement. Ce n’est que 555 ans après cette mort suspecte qu’un groupe de 22 chercheurs provenant de 18 laboratoires a réussi à percer le mystère, une fois pour toutes.
En effet, en septembre 2004, le Conseil général d’Indre-et-Loire fit transporter, pour des raisons muséographiques, le gisant d’Agnès Sorel depuis le Logis Royal de Loches jusqu’à la Collégiale Saint Ours. Mais sous la pierre tombale se trouvaient encore les restes de la Dame de Beauté, et il fut décidé d’en réaliser, dans l’intervalle de six mois, une étude scientifique complète. Les questions posées étaient au début très simples : s’agissait- il véritablement des ossements d’Agnès Sorel ? Quelles étaient les causes exactes de son décès ? Quel était son état de santé et d’hygiène corporelle, notamment en ce qui concernait l’épilation des cheveux et des sourcils fréquemment observés sur les peintures la représentant (Jean Fouquet) ?
Examens radiographiques, botaniques, microscopiques, génétiques, véritable fouille archéologique doublée de recherches en archives, à l’issue de multiples heures de travail, le résultat des chercheurs fut bien supérieur à leurs attentes. Plus que la reconstitution des derniers moments de cette favorite royale possédant des terres et châteaux des bords de Loire aux bords de Marne, c’est une évocation complète de son existence et de son mode de vie qui fut possible. Quel fut ce flux de ventre qui l’emporta ? Comment son corps fut-il embaumé, et d’ailleurs pourquoi embaumaiton alors les cadavres ? Que sait-on de son quatrième et dernier enfant ? C’est à l’ensemble de ces questions que l’on répondra.
Mardi 17 novembre à 20 h 30 à l'Espace culturel Luxembourg à Meaux
2 rue Cornillon
dans le cadre des RDV du mardi des Archives départementales de Seine et Marne